Les gens ...

Les gens, non contents de s’abrutir à longueur de journée de tâches ingrates dans le but de gagner leur pain et leur vin, aiment tuer ce qui leur reste de temps en s’abrutissant d’avantage par la lecture de débilités, que ce soit dans les transports ou tout autre moment « libre » de la journée. Ces gens achètent les magazines Pipo-l, tous les jours ils vont au guichet avant de reprendre leur train, pour acheter la brochure sacrée pleine d’images perplexes, de sourires vides et figés, de corps nus glacés sur le papier brillant, dépensant ainsi en moyenne 3 €uros par jour à l’achat de ces magazines, soit presque 100 €uros de leur salaire mensuellement. 100 * 70 = 7000 livres syriennes, soit le salaire d’un fonctionnaire dans un pays de pauvreté moyenne comme le mien, ou encore de quoi nourrir un village entier pendant une semaine dans certains pays africains.

Qu’importe, les gens ne réfléchissent pas aussi loin : ils ne regardent que le magazine plein de couleurs et de « rêve », y collant leurs nez avec avidité, presque prêt à manger les fesses de Britney Spears ou les faux yeux bleus de Paris Hilton. (En effet comme le dit Levi Strauss, le cannibalisme est en général pratiqué pour s’approprier les qualités du mangé en dégustant sa chair.) Qu’importe les émeutes de la faim, Haïti c’est loin et puis ça sonne trop comme « Tahiti », ce qui nous ramène encore une fois au grand rêve bling-bling. Qu’importe aussi la guerre en Iraq, en Afghanistan, en Palestine, les conflits ethniques coulant de plus en plus profond une Afrique qui meurt de faim… Ne me fais pas mal à la tête, j’en ai rien à foutre. Laisse-moi lire les nouvelles de qui a c….. avec qui, combien untel a dépensé, j’en passe et des meilleures. C’est peut être vrai que je lis des trucs abrutissant mais au moins ça me permet d’échapper un peu à mon quotidien de m…., tellement fade parce que tellement abruti, tellement fermé, tellement petit, tellement débile, laisse moi rêver un peu, et bouge toi de la lumière tu fais de l’ombre sur mes belles images de corps refaits en plastique reluisant sur le beau papier glacé tout doux.

Les gens sont pressés. Ils te poussent dans le métro, ils te poussent à la gare, ils te poussent dans la rue. Les gens veulent avoir le temps, le temps de bien s’abrutir en bonne et due forme devant des films bidons, ou des séries bidons qui rendent plus belle la vie. Plus belle qu’elle ne l’est déjà, parce que ttention les gens ne sont pas des psychopathes qui n’aiment pas la vie, les bons gens bien éduqués et équilibrés n’ont jamais pensé au suicide. Ils n’ont pas assez de profondeur pour ça. Les gens ne se plaignent qu’autant que nécessaire, ils trouvent après tout que leur vie est plutôt cool, on est dans le 7ème, il y a un clochard tous les 5 mètres environ et ils tapent les pavés d'un pas régulier avec leurs bottes à 300€.

Les gens rigolent entre eux le samedi soir, lorsqu’ils deviennent complètement abrutis à coup d’alcool bien fort : on n’a qu’une seule vie, faut en profiter quoi. Par contre les gens ne sourient pas aux autres pendant la semaine : ils ont peut qu’on les prenne pour des idiots, et puis ça rapporte rien, de faire du bien gratuitement.

Ah, les gens…